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D’une arène à l’autre
L’air est d’août en ce 6e jour du mois. Je suis arrivé en avance à mon poste. J’en profite alors pour faire un tour d’observation sur le stade d’échauffement qui jouxte le Stade de France. On y retrouve une piste semblable à celle de l’enceinte principale et surtout, toutes les tentes aménagées en salles de soin et de récupération des grosses nations de l’athlétisme. Enfin, des plus riches devrais-je dire. Ici point de Jamaique, Ste-Lucie ou Botswana qui pourtant, ramèneront plus de médailles que la France. Mais on y trouve entre autres, la tente du pays hôte (la plus grande), la tente des USA, sobre, hermétique et probablement climatisée et sécurisée, la tente de la Chine immanquable grâce à son gigantesque drapeau chinois déployé sur toute la façade.
Je fais un tour de piste prenant bien garde de ne pas gêner tel sprinter dans ses séries, l’athlète de demi-fond qui enchaîne les tours avec son coach, ou bien tel autre qui prépare un exercice en disposant bien en ligne une série de petits plots. Ah si j’avais mon appareil photo... Quel terrain de jeux… photographiques je disposerais !
Soudain, 3 hommes en tenue civile et lunettes noires sortent du salon réservé aux équipes et m’apostrophent bruyamment: « Please, where can we have beers ? » Avant de pouvoir leur répondre, je remarque tout de suite qu’ils n’arborent pas autour de leur cou l’accréditation obligatoire... mais une médaille olympique !
J’ai devant moi le podium olympique du saut à la perche, Armand Duplantis, Sam Kendricks et Emmanoulis Karalis, 3 potes visiblement prêts à faire la fête mais que j’allais bien décevoir avec ma réponse…
L’annonce de la reprise des compétitions retentit. Pour rejoindre la 1ere chambre d’appel où je suis affecté aujourd’hui, je coupe à travers le terrain. Mais soudain, 4 jeunes femmes en survêtement de la Jamaique interrompent leurs exercices et courent vers moi en me montrant au bord de la piste une autre personne qui agite un téléphone au dessus de sa tête (et son chapeau de paille).
Je devine, plus que je ne comprends, qu’elles veulent être prises en photo. Je les invite donc à prendre la pose. Mais non, ce qu’elles veulent, c’est une photo avec moi -et ma tenue de volontaire- au centre ! La femme au chapeau de paille (son chronomètre en bandoulière me fait supposer qu’il s’agit d’une coach) est chargée d’immortaliser la scène.
Il existe donc, quelque part en Jamaïque, une photo de groupe rassemblant un volontaire français, coureur du dimanche quand ses tendons le lui permettent, entouré des meilleures sprinteuses jamaicaines.
Christophe Mouton
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