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Un marathon pour tous, tous pour un marathon
Il est un peu plus de 20 h lorsque j’arrive à la sous-zone 8.4. Des gens bizarrement habillés sont déjà là. Ils parlent, s’égosillent. Certains visages ne me sont pas inconnus : des personnes rencontrées lors de nos précédentes aventures, mais aussi un ancien athlète de Chaville Athlétisme. Notre chef d’équipe arrive enfin et nous place aux différents points stratégiques du secteur. Je choisis un poste de cisaillement sur la place de l’École Militaire, à proximité de plusieurs stations de métro et juste à côté de la jonction du 10 km. Je pense que je ne devrais pas m’ennuyer cette nuit.
Il est 21 h 30 et le temps s’écoule sereinement. Les piétons, les poussettes et autres véhicules à deux roues traversent l’un des rares points de passage avec aisance. Au milieu de cet attroupement, j’aperçois une athlète de Chaville Athlétisme. Nous échangeons quelques mots avant qu’elle ne parte au départ du 10 km. Peu de temps après, une ancienne sportive du club arrive. Nous discutons un peu.
23 h 30 : des gyrophares scintillent au bout de l’avenue. Un premier coureur passe puis un trio de marathoniens mais l’écart est important. Les suivants se succèdent lentement, un à un.
0h30, le flux s’intensifie quelque peu. Les forces de l’ordre décide de fermer le passage. Les passants s’agglutinent derrière les barrières. Certain sont impatients de rejoindre leur station de métro. Comme la rue est mal éclairée, j’éprouve quelques difficultés à reconnaitre les coureurs.
1 h 30, un torrent de coureurs arpente le bitume. La foule de passants désirant traverser gonfle. Il faut s’organiser, sinon nous allons au clash. Les forces de l’ordre décident de créer deux points de passage. Une nuée de maillots orange virevolte devant mes yeux. S’agit-il d’une vague de coureurs hollandais ou bien d’un sponsor premium qui a distribué des T-shirts aux couleurs de la marque ? Dans tous les cas, il m’est très difficile de repérer les maillots chavillois. Ouf, mes yeux commencent à s’habituer à l’obscurité. Au loin, je distingue un coureur chavillois à l’allure si singulière. Je le hèle, mais il ne m’entend pas, trop concentré sur sa fin de course. Les forces de l’ordre nous demandent d’être plus efficaces. Les passants s’impatientent. Plus le temps de regarder les prénoms sur les dossards, ni les marques de leurs chaussures… Une nébuleuse de coureurs défile devant mes yeux. Un écart de 5 mètres permet de faire passer une dizaine de passants de chaque côté, mais la traversée des deux-roues s’avère plus délicate.
2 h 45, un besoin pressant m’oblige à abandonner mon poste. Lorsque je reviens, la plupart des piétons sont des athlètes médaillés. Certaines stations de métro sont saturées et d’autres fermées. Ils veulent absolument rejoindre la ligne 8 à La Motte-Picquet-Grenelle. Bien qu’ils soient extrêmement fatigués, ils patientent et encouragent les coureurs courbaturés.
3 h 15, les forces de l’ordre sont exténuées et nous laissent gérer seuls le passage.
À 4 h 05, le 17 360ᵉ coureur passe devant moi. La voiture balai n’est pas loin. Un marathonien épuisé vient nous voir. Il souhaite rejoindre la gare Saint-Lazare pour prendre son train à destination de Caen, prévu à 6 h 55. En attendant la réouverture des autres lignes de métro, il s’allonge sur un banc.
6 h 30, je m’allonge sur mon lit. Je suis un volontaire qui a vécu un très beau moment. Nos coureurs chavillois semblent contents.
Des gens de tous horizon viennent de courir pour la première fois un marathon. Un marathon pour tous. Tous pour un marathon.
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