Quelque chose de grand

S’il fallait retenir un moment marquant parmi tous ces moments qui m’auront marqué pour la vie lors de cette olympiade, je choisirais le suivant : le discours de la juge internationale en chambre d’appel face aux finalistes hommes du concours de la perche. Etonnant, émouvant, unique.

Dans un silence absolu, les athlètes l’écoutent attentivement. La juge pourrait être leur grand-mère mais je devine que c’est une sommité dans le milieu. De façon naturelle, tous les présents semblent la respecter.

En anglais, elle rappelle les règles et le déroulé du concours devant l’assemblée réunie en arc de cercle.

Puis elle s’avance devant chacun et leur glisse quelques mots. Je suis à coté d’elle et je peux entendre ces messages individuels. Quelques mots sur les valeurs de l’olympisme, de la chance qu’ils avaient d’être là, du plaisir qu’ils devaient prendre. Un mot de bienveillance pour chacun, comme un coach, comme une parente. Elle finit par Armand Duplantis.

Et là, la scène me surprend, elle le pointe du doigt et lui dit les yeux dans les yeux, ce que je traduis ainsi « Et toi, Mondo, fais nous quelque chose de grand ce soir « . Mondo acquiesce d’un sourire « I’ll do it »

A ce moment là, j’ai compris qu’il battrait le record du monde. C’était écrit.

J’accompagne les perchistes jusqu’à l’entrée du terrain. Armand Duplantis boit une dernière gorgée, un clin d’oeil et il me tend sa bouteille.

J’ai terminé mon service, je file en tribune. Je veux voir ce que je sais qu’il va faire.