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L’UTMB par Thierry Besancon
Chamonix, du vendredi 29 au dimanche 31 août 2008
Vendredi 18h30, Cham, après le gros stress, départ normal en courant, 8 kilo jusqu’aux Houches : enfin la libération ! Pas d’arrêt au stand et grimpette à la Charme (+800m) : on sort pas les bâtons, histoire de croire que c’est facile et qu’on force pas. Benoît m’invite à modérer l’allure. On est serré dans le peloton, mais pas d’agressivité, c’est cool. La nuit arrive, descente sur St Gervais (22h00), beaucoup de monde dans les rues, ravito express. Trop rapide, j’ai mal au ventre jusqu’au Contamines, un verre de coca, et ça va mieux (il est déjà 23h50 – je suis dans mes chronos).
On relance sur du plat jusqu’à notre Dame de la Gorge. Là, grosse ambiance festive, ils ont mis le feu à la montagne. Coup de cul vers la Balme, ça passe, mais commence à faire frais. 20’ de pause à la Balme : ce n’était pas prévu mais faut mettre des manches et des jambes, boire la soupe.
Montée en marche contrôlée au Bonhomme : y a du monde. Traversée du Col à la Croix : c’est long (il est 03h du mat). Arrêt au refuge car je n’ai plus d’eau : encore 5’ de perdues. Descente vers les Chapieux, des embouteillages m’entraînent à faire des dépassements, heureusement pas trop cher en énergie : je contrôle. Je rattrape Jean Ro et on descend fluide. Arrêt limité à 20’ : re soupe, et cassecroute. 04h30 et on repart sur la route : relax. Montée à la Ceigne, ça tire sur la fin, un petit gel et on sort le col à 07h00. Le soleil n’est pas encore levé, c’est frais, j’embraye direct pour la descente sur l’Italie. Oulà : c’est rouillé. J’oubliais, j’ai déjà 60 km dans les rotules. « On » m’avait dit qu’au lac Combal fallait courir, alors je cours. Remontée à l’arrête Favre sans problème. Je cours vers Chécrouit, et descente pleine bourre vers Courmayeur (arrivée à 11h00, j’ai une heure de retard), mais l’objectif est atteint : arriver en bonne état, ou comme on peut l’être après 78 km et 4300mD+.
Pasta et changement de chaussette en 45', déjà midi et attaque de la montée à Bertone. Horrible soleil au zénith. A Bertone, pas d’ombre, donc arrêt mini (remplissage gourde) et je revois l’ami Benoît : pas le moral, sa cheville tire. Traversée vers Bonatti, chaud et impossible de courir pour cause de frottements au cul : ça déchire ! Ça monte et ça descend, enfin on arrive à Bonatti après une très agréable horrible montée sous le caniar. Toujours pas d’ombre, mais je m’arrête 10’.
J’en ai marre, c’est long, trop long, kes que je fou là ! Pourquoi continuer ? Je consulte ma procédure n°1 : ne pas abandonner. Il n'y a rien de plus simple. Alors je repars.
Ça monte et ça descend vers Arnuva. Dans la descente, un vieux me saoule et me raconte sa vie, finalement ça passe le temps, et j’arrive pas trop mal, même si j’explose mon chrono : 2h de retard. (Procédure n°2 du trailer : tant que t’es pas viré par une barrière horaire, tu continues !). Comme j’ai encore du jus, je me renseigne pour le temps estimé de grimpe au grand col Ferret : on m’annonce 1h30. Benoît me prévient qu’il y a encore 20 bornes pour descendre, une broutille ! Lui jette l’éponge. Une soupe, un coca, et c’est reparti. Ce coup-ci je mets 1h30. Le soleil perd de son intensité, le vent revient, j’ai d’assez bonnes sensations, ça monte lentement, mais ça monte. Je lâche rien.
18h45 : passage du grand col Ferret. A 2500 m d’altitude fait frais alors on embraye la descente tout de suite. « On » m’a dit que c’était roulant à la descente, alors je cours quasi jusqu’à la Fouly. (Procédure n°3 : quand on dit cours, alors cours !). Le jour se couche, je suis carrément heureux de franchir le kilo100, et puis quelque part j’ai fait le plus dur. Je suis bien et zen.
Procédure n°4 : soyez mathématique : si plus de la moitié est faite, alors l’autre est plus courte : que du bonheur, il reste « que » 66 bornes et 2800 m de déniv. A ce stade, il ne faut surtout plus réfléchir, et mettre le cerveau sur « off », ça marche tout seul.
A la Fouly, la nuit se présente. Ambiance suisse discrète, mais bons délires au ravito, je suis surpris de la bonne humeur générale des participants, on arrive encore à déconner grave, alors qu’on a 28 h dans les pattes. Une soupe et ça repart en courant ou presque parce qu’il fait nuit vers Praz de Fort, et remontade vers Champex. Je me colle dans une colonne de 15 gus, ça monte.
01h00 du mat à Champex c’est exigu, y a du monde, mais bons contacts aussi.
Je demande ici et là quand et combien de temps dormir : réponse unanime : « on ne dort pas ». Je fais remarquer qu’il s’agit quand même de la 2ème nuit blanche qui s’annonce…et donc qu’il serait bon de … NON. D’accord, c’est reparti, je lave mes pieds dégueulasses de poussière, change de chaussette, une soupe et voilà. (Procédure n°5 : ne jamais tenter de négocier avec soi-même – ça tombe bien, je n’en suis plus capable).
Bovine s’annonce cassante : promesse tenue. Je fais les 700mD+ calé dans une colonne de 20 gars, concentration, je lâche rien, ça passe.
A la buvette en haut : 4h du mat, je claque des dents, j’ai des frissons…je m’habille et sort tout le déguisement : gants, Goretex…et m’assois 5’ regarder des étoiles filantes : j’en vois deux et fais 2 vœux !
Descente concentrée sur la Forclaz : ça passe plutôt bien, puis sur Trient, mais faut remplacer les piles de la frontale ma démarche devient cahin caha (kilo 138).
Rien à faire, pas de chance, je ne suis toujours pas viré par les barrières horaires, alors ça continue ! Reste un gros semi marathon à faire, une plaisanterie.
Dimanche 06h30, les cloches dominicales sonnent, une soupe en ptt dej et je sais que je ne mange pas assez, mais là, il faut en finir, il faut terminer la mission.
La raide montée des Tsepp se passe correcto et Jean Ro me rattrape. Voilà que je n’avais pas revu cette vielle branche depuis plus de 24h, c’était samedi matin. Au fait, on est quel jour, en quelle saison ? Je suis perdu. Une seule chose : j’ai du jus, j’avance.
Retour en France et la descente sur Vallorcine est complexe, mais je run quand même là où ce n’est pas trop raide.
Au dernier ravito à Vallorcine (kilo 148), l’ami Nico. J’en ai marre, et sais qu’il m’en reste une grosse à négocier. Je la redoute, La Tête aux Vents est elle aussi cassante, et je suis fracassé. Je souhaite bonne chance à Jean Ro, et à 10h00 du mat, je ne me fais guère d’illusion quant à pouvoir arriver avant la clôture de 16h30, mais je veux finir, même hors délais.
A la montée, des VIP organisateurs commentent ma déambulation paranormale : « oh, mais ça monte bien, ça grimpe encore, c’est régulier …» Je passe pour un extra terrestre.
Il faudra un gel pour me finir au sommet, un autre pour attaquer la traversée vers la Flégère. Heureusement le soleil est voilé. Dernière descente sur Cham.
Un rocher me flash,, des épaves de voitures sont dans les arbres, les racines des arbres sont des bras et des jambes…tout va bien, mes neurones me préviennent aimablement que j’hallucine. A la Floria je remets du run pour terminer en ville. Benoît m’accueille et prévient tout le monde par GSM. Tour en centre ville de Cham, y a encore beaucoup de spectateurs et malheureusement, je n’ai aucune émotion, je suis vidé.
Kilo 166, 9400mD+, il est 15h51, soit 45h19'08" de run non stop, et suis classé dans les derniers 1171eme FINISHER UTMB. Ouf.
Débrief avec les potes, je passe 3' devant le plateau repas et dois partir m'écrouler sur une pelouse, je suis claqué.
Sur le retour pour Annecy, 1h de sommeil dans la voiture, et bière chez Jean Ro : et ça, ça veut dire que çA VA SUPER BIEN !!!
Merci à tous ces concurrents si sympas, presque dommage que ce fut si court....
http://www.ultratrailmb.com/accueil.php
Bravo Thierry!
CL
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